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Loin des yeux, loin du coeur?


La célèbre "Théorie du Grand Firmament" qui prétendait qu'il y avait toujours assez d'espace pour tous n'a plus cours. Le ciel a évolué depuis les débuts de l'aviation, lorsque le principe du "voir et éviter" fut gravé dans le marbre. Si le concept était adapté aux performances des aéronefs de cette époque, à l'heure actuelle, au vu de l'importance du trafic et aux vitesses pratiquées, il l'est sans doute un peu moins. Et puis, il y a nous, les pilotes, êtres intelligents, certes, mais à la vue imparfaite.


Regardons cela de plus près.


Le présent éclipse le passé.

Les recherches datant de 1970 illustrent clairement le décalage entre hier et demain. Elles avançaient que le "voir et éviter" pouvait prévenir 97 % des collisions potentielles à de faibles vitesses.

Les récentes recherches menées par John Andrews aux Etats-Unis fournissent cependant des preuves accablantes mettant à mal le "voir et éviter".

Même des pilotes motivés participant consciemment à ces essais ont souvent du mal à repérer le trafic en conflit, obtenant un maigre taux de réussite de 56 %. 

Ces essais exposent la vérité inconfortable selon laquelle notre dépendance à ce concept dépassé est dangereuse et pourrait même mettre des vies en péril.


Pourquoi ? Parce que l'humain n'est pas infaillible.

Le processus du "voir et éviter" est bien plus complexe qu'il n'y paraît. Il implique plusieurs étapes, notamment regarder à l'extérieur de l'avion, balayer le champ visuel, détecter des objets, les identifier comme des avions, décider d'une action et effectuer les mouvements de contrôle de l’aéronef. A chaque étape, les facteurs humains jettent une sérieuse ombre sur les chances de réussite. Ces limites ne sont pas des signes d'erreurs ou d'incompétence, mais sont inhérentes aux limitations de notre vision et de traitement de l'information humain, affectant tous les pilotes à des degrés divers.


La vue et la vitesse ne font pas bon ménage.

Imaginez-vous à bord d'un avion standard de l'aviation générale. C'est une machine capable d’atteindre des vitesses importantes (en moyenne 120 kn, et jusqu'à 200 kn pour les plus performants) et qui peut être abordée depuis n'importe quelle direction et à n'importe quelle vitesse. Cependant, il y a un hic : la vitesse réduit considérablement le champ de vision.

Une personne a, en moyenne, un champ de vision d'environ 180 degrés, mais à mesure que la vitesse augmente, ce champ diminue drastiquement, chutant à seulement 30 degrés à 130 km/h ! 








Sans oublier que lorsque deux aéronefs se rapprochent, les vitesses sont cumulées convertissant leur rapprochement en une véritable course.


Mais ce n'est pas tout. La vue du pilote est la plus limitée du côté opposé à son siège. Pour les pilotes assis à gauche, les aéronefs venant de la droite représentent une menace plus importante.

Qui aurait pensé que le choix de votre siège aurait un tel impact sur votre sécurité ? 












La course contre la montre.

Les données de la FAA sont claires : repérer un aéronef en rapprochement et entamer une manœuvre d'évitement demande environ 12,5 secondes, à condition que la cible soit détectée rapidement. 

Imaginez ces précieuses secondes s'écouler alors que vous avez du mal à repérer un aéronef en convergence éventuelle. Le temps n'est pas notre allié dans les cieux car il est précieux. La détection précoce est la clé qui sépare la vie de la tragédie. On en parle plus loin…













L'inexorable écoulement du temps.

L'âge peut apporter la sagesse, mais il engendre aussi une dégradation de la vision.

Après 35 ans, le champ de vision commence à se rétrécir, et pour les hommes, la détérioration s’accélère même après 55 ans.

















Voilà les défis que l’être humain pose au concept du "voir et éviter". Mais il y a un autre élément à considérer : l'aéronef lui-même peut également restreindre votre champ de vision.


La charge de travail en cabine.

Dans le cockpit, les pilotes jonglent avec des instruments souvent de plus en plus complexes, des communications radio et des tâches cruciales. Cela peut détourner leur attention de ce qui se passe à l’extérieur. Parler, réfléchir et même rêvasser sollicitent la capacité mentale.

Saviez-vous que les pilotes en vol VFR passent seulement environ 50 % de leur temps à surveiller le trafic à l'extérieur du cockpit ? 

A proximité des aéroports, où le trafic aérien est élevé, la charge mentale atteint des sommets. C'est précisément là que la vigilance est cruciale car la plupart des collisions y surviennent, comme le confirme le récent Rapport de sécurité de l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA).


Les obstacles visuels.

Les obstacles sont nombreux dans le cockpit qui peuvent entraver la vision du pilote. Ils incluent les montants des fenêtres, les insectes écrasés sur le pare-brise, les pare-soleil, les ailes qui cachent une partie du ciel, les occupants des sièges avant et les tableaux de bord. Ces obstacles physiques sont évidents, mais il existe aussi des formes plus subtiles d'interférences visuelles comme...

… Les dangers de l'éblouissement.

Voler au coucher du soleil, quel plaisir ! Pourtant, l'éblouissement, qu'il soit direct ou réfléchi, diminue considérablement l'efficacité visuelle. Même un éblouissement à moitié moins intense que l'éclairage ambiant réduit la visibilité de 42 % à 40 degrés. A seulement 5 degrés de la ligne de visée, la visibilité chute de manière spectaculaire de 84 %.

Cela nous rappelle que la beauté peut dissimuler le danger...

Mais il y a de l'espoir.

L'humain est soumis à ses limites physiques. Il est donc primordial d’être alerté d’une convergence potentielle le plus rapidement possible, car comme décrit ci-dessus, ce n’est qu’après la détection d’un trafic conflictuel potentiel que les 12,5 secondes commencent à courir. Suis-je en convergence ou en divergence, quelle vitesse de rapprochement, que faire pour éviter ?

La détection précoce est la clé qui distingue un croisement en toute sécurité d'une tragédie imminente. Non seulement SafeSky rend cela possible, mais va encore plus loin. Avec SafeSky, vous recevez une alerte 60 secondes avant qu’un trafic n'entre dans la plage de convergence, bien avant même le début de ces cruciales 12,5 secondes !

Conclusion.

S'en remettre uniquement à la chance pour éviter une collision en vol est un jeu imprudent. Ne nous méprenez pas. Le "voir et éviter" nous a bien servi et continue de le faire, en prévenant d'innombrables collisions. Mais à mesure que nos cieux se remplissent, que nos avions deviennent plus rapides et plus complexes, que nos pilotes font face à des exigences toujours plus importantes, il est temps de recevoir de l'aide. Et cette aide existe. Alors, laissez SafeSky être votre co-pilote, ou votre deuxième paire d’yeux (électroniques) si vous préférez.



🎧▶️ Ecoutez également la récente présentation d'Emmanuel Davidson (Aviation et Pilote) au Mondial de l'ULM 2023 : "Voir et éviter : l'œil humain n'est pas fait pour ça".


 

Sources:

Limitations of the See-and-Avoid Principle
.pdf
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Aviation Safety Spotlight
.pdf
Download PDF • 715KB

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